MSIn_-_TRA_Methodologie/Syllabus/chap_methode_globale.tex

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\chapter{Méthode globale}
Appelée parfois méthode ou école \og Russe \fg, cette méthodologie privilégie l'apprentissage d'une figure dans sa globalité, comme sa dénomination l'indique, avec les étapes de progression limitées au maximum - ne parlons même pas des éducatifs - afin de se concentrer sur la fin plutôt que sur les moyens.
La but de cette méthode est un apprentissage rapide des éléments acrobatiques via l'acquisition, tout aussi rapide, de sensations globales (elles aussi) liées à la réalisation de la figure complète.\bigskip
Cette méthode part du postulat que les sensations globales sont plus importantes que le contrôle, ce dernier venant avec le temps, en partie par la répétition et en partie par un travail spécifique, si nécessaire, plus facile puisque moins (voire pas) soumis à la peur de l'élève, aux délais, \ldots\bigskip
\section{Avantages}
Les étapes intérmédiaires n'étant pas prises en compte, cette méthode limite la planification nécessaire à l'entraîneur pour l'apprentissage des figures, lui permettant d'avoir un schéma de travail plus simple, plus clair.\bigskip
De plus, l'accent est particulièrement mis sur une réalisation et des sensations globales et, sur le long terme, c'est ce qu'il reste aux élèves.
Une fois une touche acquise, elle est travaillée, répétée, enchaînée, alors que les étapes y ayant mené sont petit à petit abandonnées.\bigskip
Comparativement, cette technique donne de meilleurs résultats avec les enfants (< 12 ans) qu'avec les adolescents et adultes.
Elle permet ainsi de donner beaucoup de sensations alors que l'élève est (très) jeune, puis de profiter de l'adolescence et des changements qui l'accompagnent (avec les difficultés inhérentes à cette période de la vie, qui compliquent l'apprentissage de nouvelles figures) pour travailler et améliorer les figures acquises.\bigskip
\section{Inconvénients}
L'utilisation de cette méthode pour des figures plus complexes (doubles, triples, \ldots) nécessite des conditions de travail adaptées pour ne pas prendre de risques inutiles avec l'élève : fosse, ceinture, manipulation, \ldots\bigskip
D'autant plus que, pour reprendre le dernier avantage cité, il est rare d'arriver à aborder avant 12 ans des doubles rotations complexes (821, 822, 823, 833, \ldots) ou des triples rotation (même simple).
Malheureusement, tout le monde ne possède pas ce type de structures (fosse, ceinture, \ldots) et leur accès (prêt, location, \ldots) n'est pas toujours aisé.
La manipulation, quant à elle, une fois l'élève au delà d'un certain âge ou poids/taille, devient compliquée voire impossible, au risque d'augmenter les risques d'accident et leur gravité.\bigskip
Réduire le nombre d'étapes intermédiaires peut être handicapant sur le long terme.
En effet, il se pourrait qu'une étape non (suffisamment) vue lors de l'apprentissage d'une figure spécifique se révèle importante voir incontournable pour une autre.
Parfois perdre un peu de temps au présent permet d'en gagner beaucoup dans l'avenir.\bigskip
\section{Réflexions}
L'acquisition de l'exécution placée en second plan de manière aussi claire peut se révéler problématique.
Il est reconnu qu'en gymnastique (au sens large) un mouvement, pour être totalement acquis et assimilé, a besoin d'être répété en moyenne entre $3000$ et $5000$ fois.
Et si l'on part du principe qu'une exécution proche de la perfection (0 ou 0,1pt de déduction) n'est envisageable que lorsque une figure est totalement assimilée, le délai entre l'acquisition technique d'une figure et son utilisation appropriée en compétition peut s'avérer extrêmement long.\bigskip
Si l'on ajoute à cela la peur, parfois panique, que l'on peut rencontrer avec certains élèves et/ou certaines figures et le temps nécessaire pour passer outre malgré la présence de tout le matériel sécuritaire adéquat, on comprend aisément que ce n'est sans doute pas la méthode la plus facilement utilisable journalièrement pour tout un chacun.\bigskip
Les sensations globales sont essentielles et, \underline{si tout se passe bien}, ce sont les seules que l'élève conservera et même les seules sur lesquelles il se basera pour faire son auto-évaluation, tant en termes de qualité d'exécution que de contrôle.
Mais que ce passera-t-il se cela se passe mal ?\bigskip
En plaçant à ce point les sensations globales au centre de l'apprentissage que se passera-t-il si, pour une raison ou pour une autre, l'élève se trouve confronté à une perte de sensations, pouvant amener à un perte partielle ou totale de figure ?
Comment sera-t-il possible à l'entraîneur de reconstruire ces sensations ?
Quelles sont les variations de ces sensations et leur importance au cours de la phase de croissance d'un jeune gymnaste ?
\ldots ~Pour ces questions, cette méthode laisse l'entraîneur face à lui-même et chacun doit y apporter ses propres réponses selon son vécu.\bigskip